Les salariés en Roumanie ont une forte tendance à partir travailler à l'étranger, compte tenu de l'attractivité que représente pour eux le marché du travail en Europe de l'Ouest.
Cette attractivité résulte de multiples facteurs : les niveaux de salaire (en général, supérieur de 50%), mais également de meilleures conditions de vie et de travail, des systèmes d'assurance maladie plus favorables, la qualité du système éducatif, des crédits bancaires plus avantageux (notamment conditions des prêts hypothécaires), et globalement une capacité du marché à offrir des postes de travail.
Plusieurs éléments de contexte sont autant d'éléments favorables à la mobilité des travailleurs roumains :
A cela, s'ajoute la pression du système financier exercée au plan international pour maintenir de bas niveaux de salaires dans les pays de l'Est de l'Europe (2013 : salaire moyen de 450 euros net/mois en Roumanie pour le secteur de la construction ; majoré d'environ 10% pour le secteur des matériaux de construction, minoré d'environ 25% plus bas pour le secteur bois et environ 5% plus bas pour le secteur service.
Estimation 2016 : hausse du salaire moyen au-delà de 600 euros net/mois pour le secteur construction).
Face à ces constats, les principaux partenaires sociaux de la construction et de l'industrie des matériaux de construction (ARACO, association des employeurs et FGS FAMILIA, syndicat de salariés) ont créé paritairement une "plateforme" intégrant des services comparables à ceux existant dans l'Ouest de l'Europe.
Les objectifs visent notamment :
Avec la mise en place d'un Système d'Autoréglementation Sectoriel dans le Secteur de la Construction nommé "SASeC" (Sistemul de Autoreglementari Sectoriale in Constructii), les partenaires sociaux, grâce à cette plateforme, développent et financent une diversité de services complémentaires les uns des autres.
La plateforme a quinze ans d'existence. Créée au départ en 2007 dès l'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne par un protocole d'accord mettant en place une caisse sociale, elle s'est développée sous la forme d'un dispositif sectoriel qui se veut structurant et multidimensionnel.
Elle mobilise aujourd'hui un budget cumulé de 125 millions d'euros et concerne près de 100 000 travailleurs (environ le 1/3 du secteur).
Elle est organisée sous la forme de 6 entités, organisations sans but lucratif, gérées paritairement :
Les actions conduites par la plateforme intègrent un ensemble de services conçus dans une logique d'interopérabilité. Elles portent à la fois sur les services matériels précités mais aussi sur une palette de services immatériels visant à qualifier les ressources humaines : recrutement, placement, évaluation, formation professionnelle.
Ces actions touchent les travailleurs migrants et détachés notamment sous la forme d'actions d'information, de sensibilisation sur le terrain, face au manque d'information dont disposent les travailleurs. Beaucoup d'entre eux partent à l'étranger sur la base de réseaux personnels et manquent effectivement de connaissances, tout à la fois sur les conditions d'emploi dans les pays d'accueil et sur les possibilités de qualification professionnelle en Roumanie.
Accompagnant son développement, SASeC a mis sur pied des collaborations :
Les principales difficultés sont les suivantes :
Un processus d'évolution des collaborations mises en place : on espère mieux coopérer dans le futur avec les institutions françaises, surtout les ONG.
Malgré des limites financières, les effets sont positifs par une crédibilité réciproque des partenaires en hausse. Quant aux autres impacts, on va les découvrir ensemble, en travaillant ensemble !
Il est nécessaire de conduire un projet à long terme au niveau européen, pour mieux intégrer les acteurs soucieux de prendre en charge les problèmes dans des vrais réseaux continentaux efficaces.
La crédibilisation et l'intégration de leurs bases de données est plus nécessaire que jamais. Une Carte (européenne) du Travailleur en Construction est aujourd'hui réellement une nécessité (nous avons déposé un projet en ce sens avec comme partenaires l'Italie - FORMEDIL, l'Espagne - la France et la Belgique - Constructiv).